Indiscutablement les GAFA, bien qu’américaines, pèsent de tout leur poids sur notre économie. Les GAFA sont les initiales de Google, Apple, Facebook et Amazon. Concentrons-nous sur ce dernier, puisqu’il permet simultanément de porter un regard sur son cousin germain (pardon, américain) eBay (Price Minister, lui, malgré son nom, est français).
Amazon, pour ou contre ? Tentons d’y répondre sans a priori, en toute honnêteté.
CONTRE :
Les conditions de travail y sont éprouvantes, mal rémunérées et précaires.
POUR :
Ne serait-ce que pour le moral, mieux vaut travailler quelques semaines ou quelques mois chez Amazon qu’être demandeur d’emploi.
CONTRE :
Par des procédés qui sont d’ailleurs peut-être tout à fait légaux bien que moralement méprisables vu de ce côté de l’Atlantique (car là-bas en revanche on se frotte les mains), Amazon ne rapporte pas tripette aux caisses de l’Etat français. « Les entreprises installées ailleurs qu’en Europe doivent être soumises au même régime fiscal que les acteurs d’ici » déclarait François Hollande en avril dernier. On sait que des mesures sont à l’étude de la part de l’OCDE. Mieux vaut tard que jamais.
POUR :
Si Amazon effectivement ne paye guère d’impôts en France, en revanche il fait gagner un fric monstre à la Poste par le truchement de millions de paquets expédiés chaque jour, en grande partie depuis la France (certains, quand même, proviennent du Luxembourg, d’Allemagne ou d’ailleurs). Pour certains articles, les frais d’expédition sont supérieurs à la valeur de l’objet. C’est juteux pour la Poste mais on se demande bien quel peut être l’intérêt pour l’acheteur ou pour le vendeur. Plus curieux encore : certains articles (BD, CD, DVD) sont proposés à 1 centime. A part enquiquiner les concurrents qui étalent les mêmes, quel est l’intérêt du vendeur ?
POUR :
Pour beaucoup de vendeurs occasionnels, Amazon permet de se faire un peu d’argent de poche en recyclant des vieux livres ou des vieux disques à bas prix ; c’est également tout bénéfice pour l’acheteur qui peut acquérir des produits culturels en état excellent pour environ moitié prix du neuf. En outre, pour ces personnes aux revenus modestes qui utilisent Amazon pour boucler leurs fins de mois, c’est le moyen le plus précieux : contrairement aux vide-greniers dont l’emplacement est souvent payant et la réussite liée aux conditions météorologiques, les propositions de ventes sur Amazon sont gratuites (on ne paye que sur les articles vendus).
CONTRE :
Certains « petits malins » utilisent Amazon, Price Minister et eBay pour devenir commerçants au noir. C’est de la concurrence déloyale par rapport aux libraires et disquaires qui, eux, sont accablés d’impôts et de charges et ne peuvent pas, le voudraient-ils même, casser les prix.
CONTRE….
Franchement CONTRE le gigantesque pied-de-nez, CONTRE le gigantesque affront qu’Amazon vient de faire à la législation française…
Amazon opérait une concurrence déloyale aux libraires et disquaires en offrant simultanément le port gratuit et la réduction légale de 5% ; à peine venions-nous de légiférer pour empêcher cette pratique qu’Amazon détournait l’écueil en proposant les frais de port à…. UN CENTIME !
Cela dit, l’Etat français n’a pas été bien malin : certains ministres avaient deviné à l’avance ce subterfuge.
POUR :
C’est une bonne chose que des millions de produits culturels se voient proposer une seconde vie. On n’a pas toujours les moyens de s’acheter un livre ou un CD lorsqu’il sort à 20 euros. Trois mois plus tard, il sera renvoyé chez l’éditeur et, bien souvent, pilonné. Longue (seconde) vie à la culture grâce à Amazon…
CONTRE :
Les auteurs, eux, sont victimes : leurs livres invendus ne leur ont pas rapporté de DA (Droits d’Auteur). Et lorsqu’ils sont revendus en seconde main, ils ne touchent pas non plus. Mais Amazon n’est pas le seul à incriminer : en premier lieu, il faut viser les éditeurs mammouth en quête de profit qui sortent toute l’année TROP de livres… et qui, en conséquence, poussent les libraires à faire un travail, non plus de conseil CULTUREL, mais de gestion des stocks et de tours de passe-passe avec leur trésorerie !
POUR :
Les petits éditeurs qui publient des ouvrages très pointus et destinés à un public restreint (moins de 500 exemplaires) ont fait l’expérience malheureuse de la distribution en librairie. Deux cas de figure : le lecteur visé a été atteint,
mais l’éditeur a cédé environ 30% au libraire, et encore 30% au distributeur. Pire : le lecteur visé n’a pas été atteint, et lorsque le produit invendu revient chez l’éditeur, le distributeur lui prend 42%. En vendant sur internet, le petit éditeur limite les frais puisqu’il n’est ponctionné que sur les exemplaires vendus, mais pas sur les invendus.